Les éditions Le Tour, de l'association de soutien desquelles je suis le secrétaire, ont publié, récemment, la relation autobiographique de Gérard Bosson, Quels Vols a-t-il faits ? Elle est consacrée à la fondation de ce que l'auteur appelle le Vol de Pente, et qu'on nomme communément le Parapente. Car il y a participé, avec deux autres personnes. C'était à Mieussy, en Haute-Savoie ; car Gérard Bosson est né à Saint-André-de-Boëge, et vit de l'autre côté de Vouan - la montagne mystérieuse aux fées occultes -, à Viuz en Sallaz, au bord de la rivière qui coule depuis Bogève, dans un épais bois.
Le récit est agréable et empreint de simplicité. Comme Gérard Bosson a initié un tas de pays lointains à son art, on découvre avec lui des mœurs, des coutumes, des croyances, des atmosphères. On découvre également qu'il existe, dans le monde, des gens très riches qui sont prêts à donner abondamment, pour s'initier à cet art nouveau, à cette technique révolutionnaire du Vol de Pente ! On dit pourtant que les gens n'ont plus d'argent pour les choses dont on ne peut pas tirer un profit clair - pouvant se chiffrer. C'est vrai quand on parle de poésie ; mais dès qu'on entre dans des régions un peu moins éthérées, dans des distractions plus matérielles, cela ne l'est pas : le mécénat continue d'exister. D'ailleurs, mon ami poète Jean-Vincent Verdonnet me disait, il y a peu, que l'État français avait supprimé ses subventions aux poètes et à leurs organes de publication ; mais je crois que celles qui existent pour le cinéma sont toujours versées, créant d'ailleurs une forme d'injustice vis à vis des films qui n'entrent pas dans les critères officiels - ou vis à vis des films étrangers que le public est encouragé à ne pas aller voir alors qu'ils peuvent souvent lui apporter davantage que les nationaux !
Je suis, en effet, opposé à ce que l'État se mêle de culture. Gérard Bosson affirme, du reste, qu'il a surtout été aidé par des sponsors privés. Pour ce qui est de l'État central, il a - selon lui - d'abord refusé de reconnaître le Vol de Pente comme une discipline spécifique, et, quand il a constaté que cela marchait, il a essayé de se l'approprier, déjà en changeant son nom en Parapente : cela explique l'attachement de Gérard au nom que lui avait donné. Le livre se termine d'ailleurs par la demande que son rôle soit reconnu, et qu'on ne lui enlève rien. Il essaye globalement de faire preuve d'humilité, en concédant qu'il n'a pas eu l'idée le premier de la chose. Mais il se plaît, tout de même, à faire la liste des pays qu'il a parcourus et - dit-il - l'ont intérieurement enrichi. Au demeurant, il en fait partager les autres. Le livre peut être lu par tous ceux qui aiment le sport, les innovations techniques - et l'exotisme !