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Paul Desalmand et la muse de l'Arve

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Une paul desalmand.jpgMon livre Muses contemporaines de Savoie, consacré aux écrivains ayant eu un lien fort avec la Savoie et la Haute-Savoie de 1900 environ à nos jours, est toujours en préparation, et je voudrais aujourd'hui en présenter le passage consacré à Paul Desalmand, qui n'est pas inconnu à Paris.

Paul Desalmand est né à Bonneville en 1937. Après des études de Lettres et plusieurs années d'enseignement en Afrique, il s'installa à Paris pour travailler dans l'édition. La plupart de ses livres (une cinquantaine au total) sont liés à son métier d'enseignant (le plus important d'entre eux est une histoire de l'éducation en Côte d'Ivoire). Ses œuvres plus personnelles se sont appuyées sur des admirations littéraires, en particulier Stendhal et Sartre. Il consacra aussi un livre à ses convictions philosophiques (L'Athéisme expliqué aux croyants). Puis il écrivit deux romans, dont le premier, Le Pilon, eut un certain succès, et le second, Les Fils d'Ariane, fait appel à des souvenirs de son enfance à Arenthon, près de Bonneville.

Quoiqu'il ait été l'élève des instituteurs de la République, il n'hésite pas à faire l'éloge de la langue savoyarde, dont il restitue de nombreux exemples qui l'ont touché, notamment dans les dialogues au sein desquels fusaient les insultes et les plaisanteries. Un passage stigmatise le peu de bien apporté selon l'auteur par l'Église catholique ; et il ajoute : "Les instituteurs ont fait beaucoup plus pour une amélioration de la vie de ce peuple. Leur seul défaut était leur mépris pour la culture locale."

L'intrigue du livre en tant qu'il est un roman repose sur le mystère d'une relation incestueuse singulière, et une tentative de comprendre la misère morale qui régnait dans l'Arenthon d'autrefois : le regard jeté sur la condition humaine rend impossible la condamnation. Pour Paul Desalmand, l'humanité est soumise à un instinct animal qui la fait vouloir plus qu'elle ne peut avoir : elle est assujettie à la fatalité. La rédemption se trouve dans le souvenir qui immortalise, comme chez Proust.Paul%20Desalmand.jpg C'est ainsi qu'au seuil de sa vie, l'auteur évoque avec émotion tous les êtres - bons au fond d'eux - qu'il a connus, et qu'il pense retrouver en une image fixée à jamais.

Il espère faire revenir également la fabuleuse image du champ enneigé qui s'étendait devant la maison familiale, et, surtout, de l'Arve, rivière sublime où il pêchait la truite : "Il y aura l'Arve, avec nos rêves dérivant au fil de son eau gris clair ou gris sombre, parfois turquoise à l'image des glaciers dont elle vient, (...) l'Arve avec ses mystères, ses caprices, ses colères, (...) l'Arve, cette belle rivière qui aurait mérité d'être un fleuve, qui fut un temps toute notre vie, dont la présence continue, à l'image de notre enfance heureuse, nous a aidés à vivre, et près de laquelle, dans l'une de ses îles plutôt, j'aimerais que l'on m'enterre". Magnifique chant de louanges ! Paul Desalmand est un des premiers à faire de la rivière qui coule de nos glaciers au Rhône un objet littéraire, comme le sont déjà la Seine, la Loire, le Rhin...

On peut le qualifier de pionnier ! Son livre est incontestablement une réussite.


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