Cet après-midi et toute la journée de demain, je serai au salon du livre des Marches, près de Chambéry, en direction de Grenoble quand on vient d'Annecy. C'est la première fois que je m'y rends, et je me réjouis, car j'aime changer de département : cela me fait voyager. Je ne connais pas si bien la Savoie du sud - comme l'appellent les régionalistes. Le public est différent de celui de la Haute-Savoie, l'atmosphère est également différente.
Au début de ma collaboration avec les éditions Le Tour, je participais souvent à des livres qui concernaient aussi bien le département de la Savoie que celui de Haute-Savoie : Le Siège de Briançon de Jacques Replat, que j'ai préfacé, se passe au bord du lac d'Annecy, mais aussi en Maurienne et en Tarentaise, et Replat lui-même, quoique vivant à Annecy, était né à Chambéry. La nouvelle des Prisonniers du Caucase de Xavier de Maistre, que j'ai aussi préfacée, a été écrite par un Chambérien bien connu, qui a sa statue devant le Château des Ducs. Et puis il y a eu mon livre Portes de la Savoie occulte, qui évoque la littérature au temps des princes et les mystères que les écrivains aimaient alors évoquer, en rapport avec la dynastie. Mais il s'est avéré que le public ne réagissait pas favorablement à cette référence à l'ancienne Savoie : pour lui, ce n'était pas significatif - ou pas légitime. Je me suis donc, par la suite, concentré sur la Haute-Savoie, et en particulier sur sa partie septentrionale, car on ne peut même pas parler de culture distincte au sein du département, la culture étant au fond liée à l'éducation que l'on reçoit et l'Education, en France, étant rigoureusement centralisée : elle est polarisée par Paris et ses environs ! Toutefois, dans les familles, les traditions liées à des vallées, des cantons, des communes, demeurent.
Récemment, j'ai tenté une nouvelle fois de prendre appui sur la Savoie historique, avec mes Muses contemporaines de Savoie. Je dois dire que le succès n'en est pas retentissant. A Annecy, un libraire important a renvoyé les exemplaires en disant que la Haute-Savoie n'était pas la Savoie. J'aurais dû mettre : Muses contemporaines des Pays de Savoie. Mais c'eût été trop long. Le titre ne pose néanmoins pas de problème dans le département de la Savoie, et il y a plusieurs écrivains qui sont issus : mon camarade tarin Jean-Luc Favre, par exemple, ou l'excellent conteur dialectal Pierre Grasset, ou encore le noble poète gastronome Philippe Roman, le fin poète potier Émile Simonod et le célèbre Corse à demi savoyard par sa mère Paul Vincensini, dont le talent est reconnu, et qui a laissé un souvenir mémorable dans le nord de la Haute-Savoie, où il a travaillé comme professeur. Je suis donc heureux de me rendre à ce salon !